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8. Décembre 2011, 18:57 CD / Vinyl Music

Amy Winehouse - « Lioness: Hidden Treasures »

Sophia Bischoff - Les trésors cachés d’Amy Winehouse ont été dévoilés cinq mois après sa disparition. Retour sur l’album posthume qu’on ne s’étonne pas de pouvoir écouter.

23 juillet 2011. Le concert de Selah Sue au Paléo Festival de Nyon vient de se terminer. J’étais alors « sur le terrain » pour couvrir le festival pour students.ch. Au milieu de la foule, je sors mon portable pour appeler des amies perdues dans la foule. Un sms du service presse du Paléo m’attend. La nouvelle tombe, Amy Winehouse est morte. Au début, je crois à une très mauvaise blague. Je tente en vain d’aller vérifier l’information sur internet mais le réseau à de la peine à passer. Puis, finalement, je réussi à atteindre le site de la BBC. Alors oui, c’est vrai, Amy est bien partie.


On pourra dire ce qu’on veut, la réduire injustement à ses problèmes d’addictions et à ses dernières prestations plus que mauvaises, la hisser au rang d’idole intouchable ou l’ignorer. Mais, on ne pourra en aucun cas nier son impact sur la musique du 21ème siècle. Vous l’aurez certainement remarqué, depuis quelques années, une flopée de chanteurs et chanteuses créant une musique teintée de soul apparaît au rayon « nouveauté » de votre disquaire favori. Duffy, Ben l’Oncle Soul, Adele, Raphael Saadiq etc...Même si certains n’en sont pas à leur premier essai, ils doivent tous une part (aussi petite soit-elle) de leur succès à Amy Winehouse. Drôle d’affirmation, certains me diront. Je répondrais que c’est en partie grâce au succès de l’album « Back to Black ». Cette palette et ses onze titres ont donné aux maisons de disque le courage d’assurer l’arrivée d’une musique aux accents de soul vintage chez nos disquaires. La voix d’Amy, quant à elle, a permis à la chanteuse de se démarquer des autres. Timbre sombre au caractère prononcé, habilité à s’aventurer dans une accentuation dure et douce, technique imparable et scat subtilement éparpillé ça et là ont fait d’Amy Winehouse une des chanteuses qui marque notre siècle. Les fans de soul ne peuvent que remercier l’artiste d’avoir dévoilé son art et les maisons de disque d’avoir enfin le courage de proposer une musique de qualité.


Qui dit décès d’un artiste reconnu et au succès significatif, dit album posthume. Amy Winehouse n’a pas échappé à la « tradition ». Souvent critiqués pour leur aspect « machine à fric », ces albums ont de la peine à impressionner. « Lioness: Hidden Treasures » (dont une partie des bénéfices ira à la « Amy Winehouse Fundation ») n’y échappe pas. Beaucoup ont cru à la sortie d’un album inédit de la londonienne, puisqu’on la savait entrain de le préparer. Mais, au final, on a eu droit à une compilation d’inédits, de reprises de standards et de versions alternatives de ses propres titres. Bref, un melting-pot de morceaux qui ne s’emboitent pas toujours bien mais qui nous offre une belle dernière visite de la chanteuse. « Lioness: Hidden Treasures » s’ouvre sur « Our day will come », une reprise de Ruby And The Romantics, aux forts penchants reggae. Puis, « Between the Cheats » nous fait voyager vers les années 60. Impression d’être au milieu de « Grease » et de danser avec Danny Zuko. Après cela, la touche de fraicheur s’évanouie doucement. On passe aux versions alternatives avec un « Tears Dry » épuré beaucoup moins accrocheur que la version de l’album « Back to Black ». L’arrangement de « Will you still love me » déçoit tellement la version guitare-voix apparue sur youtube il y a quelques années était plaisante. « Valerie », figurant à l’origine sur l’album « Version » de Mark Ronson, fait plaisir à l’oreille et « The Girl From Ipanema », reprise du classique de bossa nova, montre l’étendu de la technique « jazz » d’Amy. Le scat donne un souffle nouveau à ce standard vu et sur-revu.


Entre ces reprises, on retrouve une des réelles perles de l’album ; « Like Smoke ». C’est une histoire d’amitié qui se cache derrière ce titre. Une histoire liant le rappeur new-yorkais Nas et Amy. Winehouse l’avait déjà interpellée sur le morceau « Me and Mr Jones » (« Back to Black »). Devenu de très bon amis depuis, Nas a offert sa prose au morceau quelques mois après la mort d’Amy. Une vraiw perle où le rap de Nas se mêle parfaitement avec la voix de l’anglaise. L’arrangement de son chant fait penser à une voix venue de l’au-delà ce qui donne une légèreté contrastant dans un équilibre parfait le flow du new-yorkais. Un peu plus loin, on retrouve « Halftime », autre trésor de la belle. Ambiance jazzy, rythme saupoudré de hip-hop et la poésie vocale d’Amy nous montrent encore une fois le génie de la musicienne. On se trouve ensuite face à une version alternative de « Wake Up Alone » (album « Back to Black). Rythme jazz, légère touche de guitare, piano et basse laissent place à l’émouvante voix d’Amy. Là où les arrangements de la version originale tendaient à prendre la place dominante, celle-ci donne l’occasion à Winehouse de laisser ses émotions prendre le devant. Une version bouleversante venue tout droit d’un cœur brisé. Le chant s’évapore dans les dernières mesures laissant les musiciens continuer sans elle. Tout comme dans la réalité. « Best friends, Right ? » et son rythme soul/jazz dévoilent encore une perle. Venant de la période « Frank », ce morceau expose les relations conflictuelles entre meilleurs amis. Ce sont deux reprises de standard jazz qui clôturent cet album. « Body and Soul » en duo avec Tony Bennet et « A Song For You » (où les arrangements sur-joués affaiblissent la qualité du titre). L’occasion de marquer un peu plus l’amour d’Amy Winehouse pour le jazz

Le titre de l’album nous l’a annoncé, les trésors d’Amy sont cachés. Il faudra plusieurs écoutes pour apprécier la beauté présente sur « Lioness: Hidden Treasures ». Mal agencé, l’album recelle de bons morceaux (« Best friends, Right ? », « Wake Up Alone », « Halftime », « Like Smoke ») et d’autres morceaux moins indispensables qui auraient plus leur place sur des « b-sides ». Mais pardonnons sa maison de disque pour le manque d’originalité, ils n’ont fait que respecter le vœu d’Amy de ne pas publier une douzaine de titre non finis.

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