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14. Juillet 2012, 00:00 Music Festivals Interview

DJ Green Giant - Interview

Sophia Bischoff - Vous l'avez certainement déjà entendu dans l'une de vos soirées hip-hop favorites ou dans l'émission Downtown Boogie sur Couleur 3 dont il est un des DJ. Dans le cadre du Montreux Jazz Festival, DJ Green Giant a accepté de nous parler de la marginalisation de la culture hip-hop. Interview.

Students.ch : Tu as commencé en 1992, le mouvement, à cette époque, avait une vingtaine d’années. Aujourd’hui, ça fait plus de 20ans que tu es actif dans le mouvement. Que penses-tu de l’évolution artistique et de l’image de la culture hip-hop ?
DJ Green Giant : Cela n’a, bien entendu, rien à voir avec ce que c’était il y a vingt ans. A l’époque, on était une poignée sur Lausanne et même ailleurs à s’intéresser à ça. Dans les soirées, c’était toujours les mêmes 200 personnes qui se retrouvaient. Il y avait un bon 90% de mecs dans les soirées. Ce qui est paradoxale, par rapport à tout cela, c’est qu’on souhaitait clairement que cette musique ne soit plus marginalisée. On souhaitait accéder aux médias, à d’autres gens etc. Une fois que c’est arrivé, on se l’est un peu fait voler. On a un peu eu l’impression de le perdre et que le truc partait dans quelque chose qu’on ne contrôlait pas et qui ne nous parlait pas forcément. A une certaine époque, ça a été un sentiment un peu bizarre.

De le perdre dans quel sens ?
Bah à l’époque, quand tu écoutais du rap, c’était parce que tu revendiquais quelque chose. On faisait tous partie d’un mouvement. On parlait de mouvement, il y avait des valeurs, des codes, des choses que tu pouvais faire et d’autres assez précises que tu ne pouvais pas faire. Comme, par la suite, le mouvement a été popularisé, Monsieur et Madame tout le monde ont commencé à écouter du rap sans forcément assimiler tout ce qu’il y avait derrière. Pour les générations comme la mienne et celles d’avant ça a été un sentiment assez bizarre. On se disait « mais non, vous ne pouvez pas faire ça comme ça ! ».

Vous avez eu envie de faire quelque chose pour changer ça ? Ou ce n’était pas possible parce que ça avait pris une trop grosse ampleur ?
Mon positionnement par rapport à ça – après peut-être que d’autres gens te diront autre chose – c’est de dire que ça sert à rien de lutter à contre courant. Il faut vivre avec son temps. Je refuse d’être un vieux con nostalgique qui reste croché dans le passé. Mon approche est de me dire « bon ben je vais essayer d’être à la page mais de défendre une certaine façon de faire, une certaine manière de voir les choses etc. »

Cela rejoint un peu ma prochaine question. On peut voir que quarante ans après la naissance du Hip-Hop, la culture est toujours marginalisée et que les gens ne cherchent toujours pas à comprendre ce qu’il y a derrière un album ou une chanson hip-hop qui passe à la radio, ils ne cherchent pas à aller voir la culture qu’il y a derrière. Les gens ont tendance à ne pas voir que c’est bien plus une culture qu’un genre musical. A ton avis, pourquoi la culture n’est pas plus mise en avant ou comprise ?
Franchement, pourquoi le hip-hop est toujours autant marginalisé en Europe ? Je ne sais pas vraiment. Si tu regardes les USA, les artistes comme Jay-Z, 50Cent ou des mecs comme ça, ils font les plus gros plateaux de télé etc. Ils arrivent en costard, ils déconnent avec les présentateurs des talk-show. C’est un truc qui est partout ! Et quand tu parles aux gens qui, en apparence, n’ont rien à voir avec cette culture et ils te répondent en te parlant des vieux albums de Jay-Z, des dernières prods de Kanye West. Bon, forcément, ça vient de chez eux donc c’est vraiment plus ancré. Mais, au-delà de ça, c’est complètement accepté. Ici, malgré le fait que c’est la musique la plus écoutée par les jeunes, au niveau des médias c’est clair qu’il y a toujours un blocage. Je pense que c’est parce qu’il y a toujours des clichés qui ont la dents dure. C'est-à-dire qu’on assimile cette musique aux mecs de cités, à des gens violents. D’un autre côté, si on prend la France, je comprends que Booba irrite certaines personnes. Mais, avant Booba, il y a eu IAM, MC Solaar et toute une panoplie de mecs qui ont véhiculé un autre message. J’ai rien contre Booba hein, qu’on soit bien claire, je ne le dénigre pas du tout. Mais, ce que je regrette, c’est que cette diversité là ne soit pas reconnue et qu’on mette un peu tout dans le même sac.

Le Hip-Hop est donc le Punk de notre époque alors ?
Franchement, ouais ! C’est le punk de notre époque. J’espère qu’il va le rester quelque part. Je ne dis pas que seul le rap conscient a sa place mais il en faut et puis c’est un des derniers genres musicaux qui est capable de faire passer un message. Je regrette un peu qu’il n’y ait plus de groupes comme Public Enemy. Enfin, il y a des groupes qui ont des messages comme Public Enemy, mais il n’y a pas de groupes qui ont la force que Public Enemy avait. Je trouve que ça manque un peu dans le rap aujourd’hui. Enfin voilà, il y a toujours des gens qui arrivent à dire des choses. Et même des gens très mainstream. Par exemple, une Diam’s qui te fait un morceau sur Marine et en plus avec l’angle qu’elle a décidé de choisir pour aborder ça, ça fait parler ! Marine Le Pen a réagit, donc tu te dis que tu as touché les gens, peu importe qu’ils soient avec ou contre ton avis. Grace à ton morceau, le but est atteint.

Du coup, est-ce que tu penses que le message d’Afrika Bambaataa et de la Zulu Nation, « Peace, Love, Unity and Having Fun » (traduction : « Paix, Amour, Unité et S’amuser »), et la Déclaration de Paix du Hip-Hop de KRS-One sont toujours d’actualité ?
Pas vraiment, à vrai dire. Sans dénigrer ce qu’ils ont fait. Mais, « Peace, Love, Unity and Having Fun » avait un sens très particulier au moment où cela avait été dit. Bambaataa vivait dans des gangs du south-bronx et il a voulu sortir de ça. En ce sens, cela avait clairement une forte signification. Maintenant, c’est devenu tellement large, ça concerne tellement de monde que rien que le « Unity » est devenu un peu difficile.

Est-ce que tu penses que c’est possible de redonner de la valeur à ce message ? A lui redonner le même poids qu’il avait avant
Je ne pense pas qu’il faille un retour à cette époque là. Pour moi, un truc qui revient en arrière c’est un truc qui tourne en boucle, qui n’évolue pas et qui est donc voué à mourir. Par contre, ce que j’espère, c’est qu’il y aura de nouveaux groupes qui auront un poids et qui seront écouté par les jeunes et qui véhiculeront un message super fort. C’est pour cela que je parlais de Public Enemy. Eux, non seulement ils avaient un message vraiment fort et en plus ils étaient numéro 1 ! Je ne désespère pas de revoir un jour un groupe de cette valeur là, avec le même impact.

Rien n’est perdu alors ?
Non, non, rien n’est perdu ! Il ne faut pas être pessimiste.

Puisqu’on fait cette interview dans le cadre du Montreux Jazz Festival, quelle a été ta réaction quand tu as découvert que suite aux évènements de l’année dernière, c’était un peu grillé pour le hip-hop ?
Forcément, j’ai été déçu et fâché. Mais, pour te dire la vérité, j’ai une part de compréhension en ce qui concerne la décision du festival. Dans le sens où voilà, ils ont une image à défendre. Ceux contre qui je suis fâché, c’est clairement les médias. Ils ont complètement exagéré ce qui s’est passé. Pour avoir vu des scènes qui ont été décrites le lendemain dans la presse, je peux te dire que c’était le jour et la nuit.

Ce n’était pas aussi violent ?
Clairement pas. Je n’ai pas vu les plus grosses altercations. Mais celles qui ont eux lieu à la soirée Downtown Boogie ne correspondent clairement pas à ce que les journalistes ont écrit. Et je peux te parier ce que tu veux que les journalistes concernés n’étaient même pas dans la salle. Je ne sais pas qui leur a raconté ça, mais ça a été complètement exagéré. Là où je leur en veux aussi toujours énormément, c’est de faire un amalgame entre un phénomène social et une musique. Quand je vois des titres comme « Soirée rap, soirée qui dérape ? » du 20minutes, je suis là « mais bon, vous ne cherchez pas à aller comprendre plus loin ». Si je prends pour exemple Frauenfeld, il y a peut-être 50'000 personnes, tout se passe très bien. C’est une programmation à 95% hip-hop. Donc ce n’est pas lié à cette musique. Après, bien sûr qu’il y a des gens qui ont des soucis, il y a des gens violents, des gens à gérer. Mais, il ne faut pas tout mélanger ou assimiler. On pourrait aussi regarder si c’est pas plutôt les mecs qui ont un t-shirt bleu qui se fouttent sur la gueule et les interdire si c’est le cas. Après, c’est vrai qu’il y a des cons dans les auditeurs de rap et je pense qu’on doit aussi être capable de faire notre auto-critique. Mais, en aucuns cas, l’assimilation entre musique et phénomène social n’est bonne. Après, voilà, toutes les musiques sont passées par là. Le Rock aussi a beaucoup souffert. Le Funk et le Jazz ont souffert de ça. Le seul truc, c’est que ça fait trente ans qu’on lit et qu’on entend les mêmes choses sur le Hip-Hop. Je me demande quand ça va passer.

Mine de rien, le Hip-Hop n’a pas été mis en tête d’affiche mais il y en a quand-même eu un peu. On a eu Youssoupha, tu as mixé deux fois. Mais ce qui est le plus étonnant, c’est que le Pitbull est programmé et mis en avant comme artiste Hip-Hop, alors qu’il n’en fait plus
Pitbull n’a plus grand chose à faire avec du Hip-Hop...

Est-ce que tu penses qu’en programmant deux-trois trucs qui ne sont pas franchement méchant-méchant, on a essayé de faire passer la pilule un peu moins difficilement ?
Pour avoir un peu les oreilles qui trainent dans les allées du festival, je ne pense pas que ce soit la volonté des gens qui travaillent à la programmation du festival. Je pense qu’ils avaient sincèrement envie que des artistes comme Youssoupha viennent parce que c’est vachement bien ! Si tu l’as déjà vu sur scène, tu sais que c’est vachement bien. Ces personnes ont réussi à le faufiler dans une soirée où tu sais que ça va être carré, calme, tranquille (ndlr : la soirée en question est celle où Erykah Badu et M.I.A étaient programmées avec Youssoupha). C’est toujours ça de pris, je t’avouerai ! Une fois de plus, si demain le festival dit « nous on change de ligne, le hip-hop ça nous intéresse plus », très bien. Ils ne se doivent pas de programmer du hip-hop. C’est plus les raisons qui me dérangent. La presse fait des mauvais papiers alors on s’adapte...Ça entretient la psychose générale. Et puis, quand Claude Nobs dit, en conférence de presse qu’il ne veut pas de hip-hop parce qu’il veut un festival « Peace & Love », ça n’arrange rien.

Est-ce que tu aurais aimé dire quelque chose à Claude Nobs ?
Je lui aurai dit : à ce moment là, pourquoi est-ce que tu as défendu le hip-hop depuis tant d’années ? Je crois que la première fois qu’il en a programmé à Montreux c’était en 1985 ou pas loin. Avec des superbes soirées en plus. Je crois que Run DMC est venu à l’époque, les Beastie Boys aussi ! Des trucs incroyables ! Deuxièmement, à la base, Montreux est un festival de Jazz et le Jazz a eu les même problèmes à l’époque. Alors pourquoi faire en sorte que l’histoire se répète ? Voilà ce que je voudrais lui dire.

Parlons un peu de Couleur 3 et Downtown Boogie...Récemment, la radio a fêté ses 30 ans. En allant voir l’expo, l’émission y figurait mais n’était pas mise en avant tant que cela. Par contre, pas une ligne sur vous ne figure dans le livre célébrant cet anniversaire. As-tu l’impression que c’est toujours à cause du hip-hop ?
Non, non. Je ne pense pas que ce soit à cause du hip-hop. Mais bon, il faut se rendre compte de la place d’une émission spécialisée dans une radio comme Couleur 3. On est un peu comme des externes qui venons faire des émissions. Forcément, avec ce statut là, on est moins mis en avant que des gens qui y bossent toute la journée. D’ailleurs, Mike est dans le livre ou la BD parce qu’il fait d’autres émissions. Jiggy Jones on peut aussi le voir je crois parce qu’il travaille sur d’autres émissions. Après c’est vrai que des fois on a un petit regret avec Downtown Boogie. On a un peu l’impression qu’il y a parfois un manque de considération ...mais rien de grave !

Ça fait quand-même une petite quinzaine d’année maintenant que vous faites cette émission sur Couleur 3
Ça fait exactement treize ans cette année. J’en profite pour dire qu’on va fêter notre anniversaire au D ! Club le 17 novembre 2012. Réserver vos places !

Je pense que, comme d’habitude, vous aurez une belle tête d’affiche en invité ?
On y travaille ! On est sur un coup, ça devrait te plaire ! Mais je peux rien te dire parce que ce n’est absolument pas confirmé.
Mais, pour revenir à ce que je disais, on est un peu mis à part mais rien de grave. Parallèlement à cela, on a une liberté qui est énorme. On fait ce qu’on veut, ce qui est pratiquement unique en radio ! Ça fait treize ans qu’on a une émission tout les soirs. On peut donc largement pas se plaindre

Vous invitez qui vous voulez ? Aucune restriction ?
Aucune. Ils nous font complètement confiance ! Tant au niveau de la programmation que du contenu et des invités. Avoir une émission quotidienne sur une radio nationale, je pense que ça doit être unique en Europe ou pas loin. Je remercie les cieux tout les jours d’avoir cette opportunité là ! Je ne vais donc pas me plaindre si on n’est pas dans le bouquin ou si on n’a pas été super mis en avant dans l’expo.

Quelque part ça compense parce que vous n’étiez pas mis en avant dans le livre ou dans l’expo mais ils ne vous mettent pas de bâtons dans les roues en réaction à d’éventuelles bagarres ou autres ?!
Ils ont pris clairement notre défense l’année dernière parce que le nom de Downtown Boogie a été mentionné dans des journaux, en tout cas le nom de Couleur 3. Ceci aurait pu les faire réagir et ils ont complètement pris notre défense. Je n’ai donc rien à dire à ce niveau là. Et puis c’est peut-être aussi à nous de mieux montrer qu’on est là et travailler à l’interne de la radio et moins faire les choses de notre côté. Non, j’en veux à personne.

Quel est l’avenir de Downtown Boggie ? vous allez continuer sur le même format ?
Pour la rentrée de septembre, pas de changement donc même format et même nombre d’émission. Après, il y a une nouvelle grille qui arrive et a priori on devrait être dedans mais il peut y avoir des modifications. Mais, je ne suis pas encore au courant. Tout est possible. Bien sûr, nous aspirons à continuer donc tant qu’on me fout pas dehors, je m’incrusterai.

On peut voir qu’il y a plus d’acteurs masculins qui passent dans l’émission...pourquoi ?
La raison est qu’il y a plus d’acteurs masculins dans ce milieu. C’est absolument pas une volonté de notre part. C’est juste qu’il y a beaucoup plus de mecs qui rappent, beaucoup de DJ homme. Quand il y a des filles, on les reçoit avec grand grand plaisir. Mais bon, c’est 5% de filles. C’est quelque chose que je regrette sincèrement et en plus ça entretient cette image de milieu macho. Image qui est en partie vraie, mais pas complètement. Nous, en tant que membres de Downtown Boogie, on n’est absolument pas macho. On nous a souvent fait le reproche par rapport au fait que nous ne sommes que des mecs dans l’émission. Mais bon, voilà c’est parce que les mecs qui étaient en place à ce moment là étaient des mecs et pas des filles. Ça n’a pas été un choix du tout. A un moment, on a dû engager un DJ, la personne qui cartonnait à ce moment là c’était Vincz Lee. Si ça avait été une fille, on aurait pris une fille. C’est pas du tout un choix volontaire. Mais, je le déplore clairement.

Est-ce que tu penses que c’est à cause de cette image d’univers très macho que les femmes ne s’investissent pas plus dans le hip-hop ? On peut voir que c’est un peu que dans la danse qu’on voit plus de fille
Je vais faire le sociologue à deux balles – j’ai déjà envie de me mettre une paire de baffes. J’ai un peu l’impression qu’en règle générale les garçons ont beaucoup plus facilement des hobbies – que ce soit dans le sport ou la musique – que les filles. Je pense qu’il y a déjà une volonté de faire des trucs, à ce moment là, qui est autre. Il se trouve donc qu’il y a beaucoup plus de groupe avec des mecs qu’avec des filles. C’est dommage. Ca fait longtemps que je clame qu’au niveau des DJ, il y a clairement des places à prendre pour les filles. Une fille aurait les portes ouvertes beaucoup plus facilement qu’un mec. Justement parce qu’il y en a pas beaucoup et que ça ferait de la diversité.

Le terme « Reprezent » est un terme fort dans la culture hip-hop, quelle en est ta définition ?
Ma définition du terme « Reprezent »...(réfléchis). Euh... Moi, je représente mes fesses et ça me suffit. Je ne me sens pas représentant de ci ou de ça. Je fais mon truc, ça plait à des gens et pas à d’autres. Tant pis. Et pis, voilà, si je ne me sens pas défenseur d’un crew ou d’une région. J’ai pas envie de me limiter à ça. Quand je voyage et que je vois d’autres gens qui ont les même kiffes etc., j’ai pas envie de dire « ouais je représente la Suisse etc ». Donc ouais je représente mes fesses et ça me suffit !

Quels sont les conseils que tu donnerais à un jeune qui voudrait devenir et réussir une carrière de DJ
Je conseillerais déjà de le faire par passion et pas avec des ambitions professionnelles. Ça paraît paradoxale mais je pense que si tu commences et que tu te dis « ouais ce que je veux c’est jouer dans les clubs et choper des cachets » ça va être compliqué. Tu peux être DJ, te faire plaisir dans ta chambre et voir où ça va ! Ça a été mon cas ! Quand j’ai commencé, jamais j’ai imaginé faire une soirée, je m’en foutais. Tout d’un coup, je me suis retrouvé dans un club sans trop comprendre pourquoi ! Ça a démarré comme ça ! Donc, oui, il faut le faire par passion. C’est la meilleure approche selon moi !

On arrive à la fin de l’interview ! Merci pour tout !
Y a pas de quoi !
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