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1. Août 2012, 00:00 CD / Vinyl Music

Nas - « Life Is Good »

Sophia Bischoff - Huit ans après son dernier album solo, Nas est de retour dans les bacs avec son dixième opus, « Life Is Good ». Retour sur la création la plus personnelle de l’artiste.

« Life is Good ». La vie est belle et Nas expose cette affirmation comme titre de son dixième album. 20 ans de carrière ont été nécessaires pour que le rappeur new-yorkais l’assume. Mais qu’a-t-il fallut à Nas pour déposer ses tripes sur disque comme il ne l’a jamais fait ? Un divorce, des enfants, des problèmes d’argent et certainement bien plus encore.

« Life is Good » s’ouvre avec le titre « No Introduction ». Après dix albums, Nas n’a plus besoin d’introduction. Pourtant – et malgré le titre du morceau –, c’est bien en se présentant qu’il ouvre le livre de ses pensées. Un beat aux sonorités old-school, un sample de Kirk Franklin (« Don't Cry »), une ambiance très théâtrale et Nas fais la chronologie de sa vie. Il parle de son passé, de son présent et termine le titre par quelques rimes donnant le ton au reste de l’album ; Nas nous donnera sa vérité sur son divorce avec Kelis, avoue qu’il n’a peut-être pas été le meilleur mari (cela sera d’ailleurs la seule référence du type de l’album) et qu’il a écrit cet album pour fermer ce chapitre de sa vie. « Life is Good » est pour Kelis et ses fans. Peu importe les jugements, Nas ne se préoccupe pas qu’on se moque de lui ou qu’on rigole avec lui de ses aventures. Dès les premières notes, « No Introduction » accroche l’oreille et annonce un album de très haute qualité. La suite correspond-t-elle à la qualité du début ? C’est ce que nous allons voir.


« Loco-Motive », second titre de l’album, illustre l’un des côtés de la direction musicale prise. Avec un beat rappelant la production de « N.Y State of Mind », Nas revient vers le old-school. « Life is Good » représente un hip-hop faisant honneur à l’âge d’or de la black music; sample et boom bap sont au centre des productions de l’opus et servent d’assises au voyage musical que nous offre Nas.


Le new-yorkais s’offre le luxe d’ajouter des touches subtiles des pairs du hip-hop. Sur « A Queens Story », il prend le risque de poser sur un instrumental orné d’arrangements d’orchestre classique et de rythmes funky. Un air de symphonie donne une dimension remarquablement intéressante au hip-hop de Nas et lui permet de livrer un bel hommage à son quartier d’origine, le Queens.


A l’aide des samples de Wayne McGhie & The Sounds of Joy (« Na Na Hey Hey Kiss Him Goodbye ») et Cloud One (« Dust to Dust »), Nas fait état de ses désillusions face à aux écarts de sa fille de 17 ans sur « Daughters ». Le résultat ? Un titre agréable à l’écoute dont l’instrumental est dans l’esprit de son tube « I Can ».


Après cette escapade parentale, Nas se dirige vers un hip-hop fortement teinté de R&B des années 90 avec « Reach Out ». Rien d’étonnant qu’il fasse alors appel à l’une des reines du genre, Mary J. Blige. 3 minutes 46 qui vous donneront l’impression d’être retourné à l’âge d’or du R&B. Un pur délice.


Avec « Summer On Smash (feat. Miguel & Swizz Beatz) » et « The Don », le rappeur crée le pont entre old-school et contemporain. Des titres efficaces qui ne tombent pas dans les dérives de ce que l’on peu entendre sur certaines productions actuelles.


Sur « Cherry Wine », Nas mêle à merveille jazz et hip-hop. Avec l’aide de sa défunte amie Amy Winehouse, le new-yorkais décrit la femme parfaite et tente, une fois de plus, de faire comprendre au public que les descriptions faites de lui ne correspondent pas à la réalité. Le beat est doux, voluptueux et enveloppe la voix d’Amy Winehouse avec la délicatesse nécessaire pour faire ressortir la beauté des notes qu’elle chante. Une touche de scat, des cuivres, un flow posé et un beat hip-hop en retrait. Un des coups de cœur de l’album.


Nas se livre à cœur ouvert sur son divorce avec la chanteuse Kelis. L’histoire commence dès le visuel de l’album. On y découvre le rappeur en costard blanc assis dans ce qu’on imagine être le lounge d’un bar branché. L’expression sur son visage fait écho d’un homme déçu, énerver et triste à la fois. Il tient une coupe de champagne alors qu’on peut voir une robe verte sur ces genoux. Cette robe, c’est la robe de mariée de Kelis, seule chose qu’elle a laissé derrière elle avant de quitter Nas.


Sur « Stay », il choisit de se confier sur une ambiance jazzy. C’est avec des paroles plutôt dures, le new-yorkais expose la haine qu’il a envers son ex-femme tout en se demandant s’il éprouve toujours de l’amour pour elle. Le reflet d’un homme vulnérable aux blessures fraiches apparaît. Mais la douleur lui a permit de créer la perle qu’est « Life is Good ». Il y a du bon dans chaque expérience, n’est-ce pas ?


Après la haine, Nas dit définitivement au revoir à Kelis sur « Bye Baby ». Le rappeur parle avec nostalgie de ce qu’elle représentait pour lui et de leur déchirement. Pressenti comme le titre donnant réponse complète aux spéculations des tabloïds, il faudra lire entre les lignes pour en comprendre les raisons. Nas entame la fin du morceau en nous disant que malgré le fait que son mariage ait échoué, il en a tiré un beau cadeau ; son fils. Puis, un simple « Goodbye » mettra un point final à « Bye Baby » et à l’album. Au revoir Kelis ? La douleur ? La musique ? Seul l’avenir nous le dira.


La version Deluxe de « Life is Good » emportera l’auditeur vers des contrées musicales encore plus lointaines. L’univers sombre et la voix timbrée et sensuelle de Nikki Flores de « Roses » vous emmèneront dans un vieux piano-bar baigné dans des teintes contemporaines. Ce titre reflète le pont entre actuel et old school que Nas a créé sur cet opus. Sur « The Black Bond » et « Where’s The Love (feat. Cocaine 80s) », des ambiances orientales mêlées à une rythmique typiquement hip-hop vous donneront l’illusion de vous trouver au sein d’un conte des milles et unes nuits. L’édition Deluxe se termine sur « Trust », un titre nostalgique où les arrangements piano évoquant une touche trip-hop.


Avec « Life is Good », Nas livre un album que l’on peut déjà s’aventurer à qualifier de classique. Le rappeur a pris des risques en s’aventurant vers des mélanges musicaux aussi variés (pour faire le bilan, on peut retrouver, dans les grandes lignes, du R&B, du funk, de la musique classique, du hip-hop old school et contemporain, une légère touche de trip-hop, des nuances orientales) pour, au final, arriver à créer un melting-pot sonore timbrée d’une osmose frôlant la perfection. Dès la première écoute, on est pris dans son monde, dans sa douleur et, encore une fois, bluffé par le talent du rappeur.
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