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9. Mai 2014, 00:00 Concert Culture Music Soirée

La passion acoustique de Ben Harper

Sophia Bischoff - Ben Harper a offert un moment de grâce au Théâtre du Léman le 6 mai dernier. Retour sur un concert qui a coupé le souffle des mélomanes présents.

Passion et simplicité. S’il ne fallait retenir que deux termes pour qualifier les trois heures de concert que Ben Harper a offert au public du Théâtre du Léman, la plume, guidée par le souvenir de cette soirée, tisserait ces mots. Durant chaque tournée, le guitariste esquisse, le temps d’une quinzaine, les contours de moments acoustiques qui entraînent l’audience dans son état de grâce. Cette année, le californien a converti sa pause guitare-voix en tournée. « An acoustic evening with Ben Harper » affirme le pouvoir irréel de l’artiste ; bluffer les aficionados de son verbe mélodique.

Dès l’instant où l’on pénètre dans les murs du Théâtre du Léman, la majestueuse scène qui se dresse devant nous annonce le La du soir ; symboles folk tirés de l’enseigne du Folk Music Center des Harper, deux pianos, des guitares et le fauteuil qui a l’habitude de recevoir Ben créent une ambiance intimiste et déjà prenante. Les lumières s’éteignent et l’artiste fait son entrée. Les premières minutes sont offertes à la slide guitar. Point de vocalise, les émotions préliminaires naissent de son instrument. La suite s’enchaîne dans une tempête de passion. La rage rock qu’on a pu lui connaître lors de ses dernières tournées avec les Relentless Seven n’est pas celle à laquelle il faut s’attendre. Ben Harper dévoile une rage passionnée, née dans la subtilité et la douceur. Son jeu de guitare transporte et forme un nuage harmonique aux distorsions troublantes de son chant.

Entre chaque morceau, Harper prend son temps pour regarder son public dans les yeux. Il choisit le prochain titre à offrir et la guitare qui l’embellira au mieux. Il prend la parole de temps à autre pour remercier l’audience d’être présente et réaffirmer son amour pour le public et les festivals suisses. Puis, en un clin d’œil, retourne dans son cocon, comme pour oublier la salle qui lui fait face, et se laisser habiter par les prochains accords qui se dessinent sous ses doigts. Dans l’audience, une forte émotion mélancolique plane. La tristesse n’est pas de la partie. Un sentiment d’introspection se propage jusqu’à atteindre chaque recoin du Théâtre. L’aura du musicien, baignée dans sa poétique mer mélodique, saisit les profondeurs de chaque âme présente et les mène dans ce lieu sacré qui leur permet de relâcher l’inutile. Chaque pièce de la soirée permet un voyage vers une émotion passionnante. Ben Harper se met à nu et invite, de sa voix profonde, le public à faire de même.

Durant près de trois heures, le monde s’est arrêté dans un Théâtre du Léman transformé en temple du folk pour l’occasion. Une soirée de classiques dont Harper en a le secret. Une soirée où les perles telles que l’écorché « Excuse Me Mister », le troublant « Forever », le sensible « Waiting On An Angel », ou encore l’émouvant « Morning Yearning » (dont le clip a été réalisé par le défunt Heath Ledger) ont raisonné plus fort que jamais. Une fois n’est pas coutume, le musicien s’est également assis au piano, offrant à son public des moments rares et emplis de douceur. Autre agréable surprise, Ellen Harper, mère de Ben, l’a rejoint exceptionnellement sur scène pour présenter en duo quelques titres de leur album « Childhood Home », sorti le même jour. Les multiples standing ovations poussent l’artiste à multiplier les rappels de qualité pour terminer le voyage sur un « Suzie Blue » joué au ukulele et sans l’aide d’aucun micro. Un point final en or pour un concert dont on se souviendra encore longtemps.


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