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31. Octobre 2007, 09:01 students.ch

Premier emploi vs formation continue

Marlen Schmidli - Finies les études, diplôme en poche – note maximale! – la carrière peut démarrer, c’est du moins le scénario idéal pour les jeunes diplômés de l’université. Mais comment entrer en beauté dans le monde du travail?De nombreux cursus ne forment pas leurs étudiants...

Finies les études, diplôme en poche – note maximale! – la carrière peut démarrer, c’est du moins le scénario idéal pour les jeunes diplômés de l’université. Mais comment entrer en beauté dans le monde du travail?

De nombreux cursus ne forment pas leurs étudiants à un métier à proprement parler. S’ils apprennent certes à acquérir un savoir et à appliquer une méthode scientifique dans la matière étudiée, au moment-clé de trouver un emploi, point d’annonces recherchant désespérément philosophes, spécialistes en médias, géophysiciens ou autres linguistes… La matière étudiée doit dans ce cas être tout d’abord appliquée à une activité professionnelle, le plus souvent dans le domaine des médias, de la culture ou de la santé, au sein des administrations cantonales ou fédérales, ou encore dans le secteur privé des services. Seulement: comment les diplômés des hautes écoles accèdent-ils à de tels postes? Le plus souvent, il est vivement conseillé d’acquérir des qualifications supplémentaires. C’est ainsi qu’on en arrive, ses études enfin achevées, à étudier en détail les offres en formation continue. Or est-il bien vrai que les formations postgrades permettent aux diplômés des hautes écoles d’accéder au premier emploi si désiré? L’acquisition de qualifications supplémentaires joue-t-elle un rôle lorsqu’il s’agit de décrocher un premier emploi?

Du «domaine» au «marché» de la formationLe domaine de la formation se transforme peu à peu en véritable marché, et la concurrence qui se joue parmi les hautes écoles est particulièrement rude. Phénomène qui se révèle par ailleurs plutôt positif, puisque celles-ci, dont l’objectif est l’excellence, de facto, se doivent de mettre en place certaines réformes et d’améliorer en permanence les prestations de services proposées aux étudiants ainsi que l’encadrement dans les matières plébiscitées. Les universités elles-mêmes commencent à tabler sur une bonne communication extérieure qui valorise leur offre et leurs cursus.

«Bâtissez avec nous les fondements de votre carrière» est par exemple le slogan placé en tête de la brochure d’une université pour servir son image. N’oublions pas qu’au centre de l’Europe, cette évolution est très récente, puisqu’il n’y a encore pas si longtemps, la plupart des hautes écoles se souciaient bien peu des chances qu’avaient leurs diplômés sur le marché du travail.

Le marché de la formation continue: une usine à rêvesLe système des hautes écoles n’est pas le seul à devoir s’organiser selon la loi de l’offre et de la demande. Ceci vaut également pour la formation continue, et dans une mesure plus grande encore puisque les étudiants participent aux frais de scolarité dans leur totalité – ce sont en fait des clients, qui paient. La concurrence entre les différentes institutions proposant des formations est rude. Il suffit de voir les affichages publicitaires qui vantent maintes offres de formation. Les flyers ne manquent pas faisant l’article pour des études postgrades en coaching, médiation, etc. Les formations en management sont particulièrement en vogue: management dans les organisations à but non lucratif, management de projet, management dans le domaine de la santé, formations pour devenir manager au niveau européen etc. Seulement, en faisant leur tri parmi cette offre croissante, les diplômés des hautes écoles oublient parfois que ces études postgrades ne vont pas forcément de pair avec le poste correspondant à ces études – sauf si la personne concernée exerce une activité dans le domaine de la formation suivie, avant ou pendant la formation en question. Dans son bureau de conseiller d’études, l’auteur de cet article se trouve par exemple confronté au cas d’une maîtresse d’école primaire brandissant deux brochures pour deux formations en médiation différentes, qui lui demande: «Je rêve depuis longtemps de devenir médiatrice. Laquelle de ces deux formations est-elle la meilleure pour obtenir un poste dans ce domaine?» La question de connaître le taux d’activité dans ce secteur ne semble pas la préoccuper outre mesure. Alors que la profession de médiatrice n’est pas encore vraiment établie, rien n’est moins sûr que la maîtresse d’école puisse un jour gagner sa vie en tant que médiatrice. Dans un cas comme celui-ci, l’offre sur le marché de la formation est en total décalage avec la demande sur le marché du travail. C’est ici que le marché de la formation se transforme en usine à rêves.

La formation continue est un investissementLe conseiller en études joue le rôle de défenseur des consommateurs et de messager porteur de la décevante nouvelle qu’on ne s’achète pas un premier emploi avec une formation continue. Les candidats à la formation continue devraient en fait adopter la même attitude en comparant les différentes offres que lorsqu’ils achètent une voiture. Le vendeur d’une voiture en vante évidemment les mérites. Or si l’acheteur croit les arguments du vendeur les yeux fermés, il peut facilement se faire mener en bateau. Ce qui paraît évident à chacun lorsqu’il achète une voiture est loin de paraître aussi évident aux étudiants qui recherchent une formation car ils pensent que celle-ci leur permettra à coup sûr d’exercer une activité particulière. Les psychologues, par exemple, pensent ainsi que débourser entre 50`000 et 100`000 francs pour une formation de psychothérapeute leur assurera un emploi rémunéré dans ce domaine.

Décrocher un emploi avant de suivre une formation continueVoilà pourquoi les diplômés des hautes écoles devraient se donner pour règle de trouver d’abord un emploi avant d’envisager de suivre une formation continue. Ils sont en effet déjà bien assez«formés» dans la plupart des cas. Seule l’expérience professionnelle leur manque encore. En fin de compte, les études menées sur le premier emploi des diplômés pourraient toutes s’accompagner du leitmotiv: «C’est le hasard qui a fait que je me retrouve ici». Le plus souvent, il suffit d’avoir un pied dans la vie active pour bénéficier ensuite des meilleures chances. On peut très bien avoir suivi une formation continue dans le domaine des techniques énergétiques, par exemple, et se retrouver finalement dans un secteur où une formation en management dans le domaine de la santé aurait été beaucoup plus judicieuse.Cela ne signifie en aucun cas que suivre une formation continue soit superflu. Mais avant de jeter son dévolu sur telle ou telle filière, il faut absolument évaluer les chances qu’elle offre sur le marché du travail, en rencontrant les praticiens en place, par exemple, et en envoyant sa candidature à toutes les annonces entrant en considération. L’objectif premier n’étant pas, à ce niveau de la recherche, de décrocher un emploi, mais bien d’obtenir le plus d’impressions et d’informations possibles. Il s’agit dans un premier temps de répondre aux annonces et de se présenter pour différents postes. S’il ressort de cette recherche préalable que le chemin menant au poste souhaité doit passer par une formation supplémentaire, ces premiers contacts avec le monde du travail représentent alors la meilleure source d’informations qui puisse guider le candidat dans son choix pour la bonne formation.La réponse à la question de départ concernant le rôle de la formation continue pour, ses études achevées, décrocher son premier emploi, peut donc se résumer ainsi: les diplômés des hautes écoles doivent considérer les offres de formation continue sans jamais perdre de vue des objectifs concrets, ils doivent toujours garder à l’esprit le but à atteindre et considérer les chances qu’ils ont d’y parvenir. Il n’est pas rare par ailleurs que les diplômés aient la chance de trouver un employeur qui participe aux frais de formation leur permettant d’acquérir les qualifications supplémentaires nécessaires. On peut très bien également choisir une formation par pur intérêt personnel, sans considérations professionnelles, mais dans ce cas, la formation devient bel et bien un bien de consommation – de luxe.

Dr. Markus DiemResponsable du service des conseillers d’études de l’Université de Bâle

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