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28. Juillet 2013, 16:35 Concert Music Festivals

Canicule Paléosienne

Sophia Bischoff - La canicule a encore frappé en ce samedi paléosien. Mais il en fallait plus pour déstabiliser les artistes se produisant sous cette température proche de celle de l’enfer.

Courageux. Voilà le terme à intégrer dans la description des artistes qui se sont produit hier après-midi au Paléo Festival de Nyon. Alors que les festivaliers avaient le loisir d’user de toutes les ruses pour supporter une canicule amplifiée par la chaleur de la musique, les artistes, eux, ont dû se faire violence pour résister à l’appel d’une évasion qui les auraient menés directement dans la fontaine du festival.

Aux alentours de 18h, le public s’est allié pour donner sa rafraichissante énergie au maître de la soirée ; Oxmo Puccino. Mais c’était sous-estimer le talent du poète que de penser qu’une persistante vague de chaleur pouvait lui ôter ne serait-ce qu’une once de dynamisme. De la première à la dernière minute de son concert, Black Brel a offert sa prose la plus délicate et passionnée au public de l’Asse. Naviguant entre les titres de son dernier album, « Roi sans Carrosse », et ses plus grands succès (« Black Popeye » et « Cactus de Sibérie » pour n’en citer que quelques uns), il pose chaque verbe sur un lit harmonique, doux et entrainant à la fois. En grand Monsieur de la scène, Oxmo sait interagir et inclure son public dans sa performance. L’alchimie du moment porte Puccino sur un « Mes Fans » suivit d’un solo de piano envoutant les cœurs de l’audience. L’artiste nous emmène dans une autre époque à la recherche de Billie Holiday (« Où est Billie ? »), pour continuer en nous proposant un voyage parisien (« Pam-Pa-Nam »). Sa poésie cède à la tentation de nous présenter le Puccino old school de « J’ai mal au mic », pour nous dévoiler ensuite sa « Danse Couchée » en compagnie de la talentueuse Mai Lan. Après cette excursion onirique, le quart d’heure américain est à l’honneur et permet à Oxmo Puccino de convaincre les derniers spectateurs qui auraient pu douter de son excellence (même si on doute fortement de leur existence). Le rappeur transpose ses textes sur des instrumentaux tel que « Still D.R.E » ou « Bad Boy For Life » et offre, par la même occasion, une renversante version de « Equilibre » sur le « Lose Yourself » d’Eminem. Un hypnotique solo de guitare et quelques autres classiques plus tard, Puccino et sa troupe mettent un point final à leur passage au Paléo sur des airs de disco/électro entrainant et déroutant, prouvant encore une fois l’éclectique perfection de sa musique et de sa performance.

Après que Saez ait tenté d’exorciser sa voix torturé par une haine insoutenable au travers de composition oscillant entre rock et chanson énervée, et que Blur ait fait sauter et vibrer la Plaine de l’Asse au rythme de ses plus grands succès, c’est aux Arches que le public s’est donné rendez-vous pour assister au set du DJ le plus attendu de cette édition : Kavinsky. Avant même que les lumières se soient allumées, les quelques milliers de personnes présentes ont uni leur voix pour appeler l’un des plus talentueux compositeur électro de sa génération. Après avoir commencé son set par « Odd Look », production en feat. avec The Weeknd, Kavinsky prend son temps et tente de faire monter la tension au travers de rythmes de minimale. Contrairement à certains de ses collègues DJ de la scène française, Kavinsky s’amuse, prend son temps et ne distille pas que des tubes. Une entrée en matière parfaite si la suite ne nous avait pas laissé sur notre faim. Le producteur ne parvient en effet pas (ou alors n’a pas voulu) à faire exploser la tension musicale présente pour emporter le public dans son univers. Il s’échappe vers le fameux « Get Lucky » de Daft Punk et n’arrive pas à combler le désir de ses fans. L’heure du hit arrive et annonce la fin du dernier concert paléosien de la soirée. Quelques voix s’élèvent pour chanter le célèbre « Night Call ». Puis, deux-trois changements brusques sonnent le glas d’une sortie de scène si surprenante que l’on ne l’avait pas vu venir. On aura beau espérer, c’était bel et bien la fin du concert. Loin d’avoir atteint la catastrophe, Kavinsky a prouvé qu’il est un compositeur de géni mais qu’il ne manie pas encore la DJ set de festival.
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