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23. Avril 2009, 11:19 Colonne Politique

Philippe Natermod: Remboursons tout et surtout n’importe quoi!

students Redaktion - Je m’appelle Philippe Nantermod, je suis un politicien de 25 ans, juriste et titulaire d’un Master de droit de l’université de Lausanne. Je suis actuellement avocat-stagiaire à Sion.Politiquement, je suis membre du Parti libéral-radical depuis 2001 et je m’engage dans ...

Je m’appelle Philippe Nantermod, je suis un politicien de 25 ans, juriste et titulaire d’un Master de droit de l’université de Lausanne. Je suis actuellement avocat-stagiaire à Sion.

Politiquement, je suis membre du Parti libéral-radical depuis 2001 et je m’engage dans les jeunes libéraux-radicaux en tant que vice-président des jeunes radicaux suisses. Je suis élu au Grand conseil valaisan comme député-suppléant depuis le 1er mars 2009.

Remboursons tout et surtout n’importe quoi !

Quand les Chambres ont rédigé le texte constitutionnel sur les médecines complémentaires que nous voterons le 17 mai, elles se sont montrées pleines de bonnes intentions. En remplaçant « prise en charge complète » par « prise en charge » des médecines complémentaires, nos élus s’imaginaient certainement remplir leur rôle traditionnel en proposant un des consensus les plus mous qu’il m’ait été donné de rencontrer.

C’est réussi : le texte est carrément incompréhensible tant la transparence des mots est accablante et n’impose rien. Seulement, le peuple fera un choix le 17 mai entre la situation actuelle et une nouvelle situation dont nous ignorons à peu près tout.

Comprenons-nous, je n’ai sur le fonds rien contre les médecines complémentaires, pas plus que je ne m’oppose à la vis sans fin. Elles existent, chacun en fait ce qu’il veut. Il est seulement question de choisir les conditions d’une prise en charge d’un traitement par l’assurance maladie de base et ce qui ressort du domaine des assurances complémentaires.

Selon le système en vigueur, un traitement doit passer le triple filtre efficacité – adéquation – économicité pour être inclus dans le catalogue des soins remboursés. Ces trois critères doivent permettre aux autorités de s’assurer qu’un traitement de base montre un certain effet contre une maladie pour un prix acceptable au regard des médications concurrentes. Ces critères assurent une certaine objectivité dans le choix du catalogue LAMal.

Les médecines complémentaires – au même titre que les médecines académiques – y sont soumises et c’est ainsi que certaines préparations phytothérapiques ou des techniques dérivées de l’acupuncture sont aujourd’hui supportées par l’assurance obligatoire.

Le Parlement propose donc de modifier ces critères. Pour nous proposer quoi ? Bien malin celui qui peut déjà le dire. À discuter avec les consommateurs de médecines douces, il apparaît que le critère qui convient à beaucoup se résume à « ça me fait du bien ». En voilà un bon critère ! Vous vous sentez mieux après le passage de la fée homéopathique ?

Remboursons ! Vous appréciez un petit traitement traditionnel chinois ? Remboursons ! Peu importe dans le fonds que l’efficacité de tels traitements n’a jamais été prouvée, que le fameux effet placebo soit observé dans les études. Les mêmes se plaindront de l’augmentation du coût des primes qui, elle, ne fait décidément aucun bien.

Cette nouvelle manière d’agir sera dangereuse et inégalitaire. Une semaine de vacances au soleil me fait davantage de bien que tous les cachets d’asprine que j’ai avalés cette année. Remboursez ! Mes quelques heures de piscine hebdomadaires me gardent en forme. Remboursez ! Et où nous arrêterons-nous ? Les pratiques SM, les voyages à Lourdes, et pourquoi pas la petite cigarette qui clôt un bon repas ? Ça fait tellement de bien…

Ce terme complémentaire est tout bonnement mensonger. Il doit être compris comme « qui n’a pas démontré ses effets ». À une autre époque, on aurait parlé de magie ou de soins prodigués par des charlatans. Pour être remboursés, ces traitements sont aujourd’hui soumis aux mêmes règles que leurs concurrents scientifiques. Ce serait tout de même le comble de rembourser les massages thaï sur la simple base d’un sentiment partagés par certains alors qu’une procédure longue et douloureuse s’impose pour autoriser un médicament issu d’années de recherche dans nos meilleurs laboratoires.

Une assurance complémentaire pour les médecines du même nom coûte actuellement cinq à dix francs par mois. La LAMal n’est pas une religion : ce n’est pas la foi dans des pratiques aussi douteuses qu’ésotériques qui doit définir les prestations de base. Ou alors je me déclare agnostique et je réclame une exemption de ce nouvel impôt ecclésiastique.

Philippe Natermod

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